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Une journée dans la vie de Burcu Avcibay Vurgeç, sage-femme, éducatrice et chercheuse sur le changement climatique 

ICM
30 avril 2024

 

Après avoir obtenu son diplôme en pratique sage-femme et travaillé en clinique pendant quelques années, Burcu Avcibay Vurgeç a décidé de poursuivre sa carrière comme chercheuse en pratique sage-femme. Elle a commencé comme assistante en recherche, puis a obtenu une maîtrise suivie dun doctorat. Au fil du temps, elle est devenue chef du département de pratique sage-femme de son alma mater, luniversité de Cukurova, en Turquie*. 

Dans sa fonction actuelle, son objectif est daméliorer la formation des jeunes sages-femmes pour la rendre plus dynamique et plus complète que celle quelle a connue en tant quétudiante. Burcu sefforce de doter les sages-femmes de connaissances, de compétences et dune perspective globale afin de fournir des soins de qualité supérieure et de renforcer la profession de sage-femme en Turquie. 

En tant que chercheuse, elle se passionne pour le lien entre le changement climatique et la santé maternelle. Au cours des cinq dernières années, elle sest intéressée au lien entre la chaleur extrême et lanxiété chez les femmes. Elle a également mis au point une échelle de sensibilisation aux effets du changement climatique sur la santé maternelle et fœtale, ainsi quun outil pédagogique destiné à sensibiliser les étudiants. Elle a récemment collaboré à un projet visant à étudier la relation entre les changements de température quotidiens et les grossesses à risque, dans le but de créer un système dalerte précoce pour les femmes enceintes. 

Voici à quoi ressemble sa vie au quotidien: 

Ma routine a récemment changé depuis que je suis devenue chef de service. Désormais, mes journées sont moins prévisibles et consistent en davantage de gestion et de planification, et moins d’enseignement. Cependant certaines choses restent invariables. Je me lève tôt pour préparer mon fils de 8 ans pour l’école et après l’avoir déposé, je me rends à l’université. 

À l’université, je commence par faire le point sur ma journée et par accomplir des tâches de gestion, telles que la planification des mois à venir et l’examen des plans de cours. Ensuite, je prépare mes cours. Actuellement, j’enseigne de 1 à 3 heures par jour. Mon objectif est de former des sages-femmes ouvertes d’esprit qui comprennent les pratiques sages-femmes à l’échelle mondiale et qui peuvent appliquer les meilleures pratiques de différents pays dans leur travail.

Une à deux fois par semaine, je supervise mes étudiants pendant le travail clinique. J’apprécie ces sessions car elles aident les étudiants à faire le lien entre l’apprentissage en classe et l’expérience de la vie réelle. Je simplifie les concepts et les guide tout au long de la démarche, tandis que les sages-femmes cliniciennes jouent un excellent rôle de mentor.

Nous avons récemment introduit dans le programme d’études une «leçon sur la progression de carrière». Nous invitons des sages-femmes issues de différents contextes, tels que le ministère de la Santé ou les environnements cliniques complexes, à expliquer leur rôle aux étudiants. Nous voulons présenter les diverses carrières accessibles aux sages-femmes et encourager les étudiants à poursuivre leurs intérêts.

Je rentre souvent chez moi vers 17 heures. Heureusement, ma mère vit dans le même immeuble et s’occupe de mon fils jusqu’à mon retour à la maison. Après avoir dîné avec ma famille, je consacre mes soirées à mes recherches.

Quelques années auparavant, j’ai constaté un manque de recherche sur le changement climatique et la grossesse qui m’a incitée à explorer ce sujet. Le changement climatique est un problème mondial et, même si nous n’en voyons pas encore toutes les conséquences, je pense qu’elles deviendront de plus en plus évidentes dans un avenir proche. Le but de mes recherches est de minimiser ses effets sur les mères et les bébés. 

J’intègre ma passion pour le changement climatique et la santé maternelle dans mon enseignement en consacrant un cours par semaine à ce sujet pour les étudiants sages-femmes en troisième année. Le cours a été bien accueilli et les étudiants ont reconnu qu’il facilite des prises de décisions plus respectueuses de l’environnement dans leur pratique et améliore leur assurance pour conseiller les femmes enceintes sur l’atténuation des effets du changement climatique. 

Je rêve de collaborer avec le Consortium mondial sur le climat et l’éducation à la santé de l’université de Columbia. Quelques années en arrière, j’ai coécrit un chapitre sur le changement climatique et la santé mentale des femmes enceintes avec certains de ses membres et je souhaite mener d’autres recherches avec eux.  

À long terme, j’espère fonder un centre spécialisé dans l’éducation à la santé et le changement climatique en Turquie, à l’instar de celui de l’université de Columbia. Cela prendra du temps, surtout avec un enfant en bas âge, mais je crois qu’il est essentiel de créer des espaces dédiés pour aborder des questions aussi importantes. En tant que sages-femmes et professionnels de la santé, nous devons approfondir notre compréhension des effets du changement climatique sur la santé et mettre en œuvre des stratégies d’atténuation efficaces par le biais de l’éducation, de systèmes d’alerte précoce ou de la préparation aux crises. Nous devons montrer la voie en relevant les défis qui affectent le plus les femmes et les bébés. 

  

* L’université de Cukurova offre le premier et le seul programme de formation de sages-femmes en Turquie, avec une formation de 5 ans accréditée.