Sages-femmes haïtiennes : Assurer des services essentiels de SSMNA lors d’une crise humanitaire
Depuis près d’un an, la situation sociopolitique et sécuritaire d’Haïti se détériore considérablement. Le gouvernement ayant perdu le contrôle du territoire national, des groupes armés se sont emparés d’une grande partie du pays, en particulier de la capitale, Port-au-Prince. Cette instabilité a eu un impact profond sur tous les aspects de la vie en Haïti, notamment sur la santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale et des adolescents (SSRMA).
Une crise aux conséquences sanitaires graves
Déjà fragile, l’infrastructure sanitaire d’Haïti a beaucoup souffert. De nombreux hôpitaux ont été vandalisés ou fermés, laissant des milliers de femmes et d’adolescents sans accès aux soins essentiels. Les services de SSMNA, déjà limités, sont devenus quasiment inaccessibles dans certaines régions, ce qui met encore plus en péril la santé et le bien-être des femmes et des jeunes filles.
Des camps temporaires ont accueilli de nombreuses familles déplacées, mais les ressources de base manquent souvent dans ces abris. Comme souvent dans les camps, les femmes et les jeunes filles sont plus vulnérables aux violences sexuelles, aux grossesses non désirées et aux infections sexuellement transmissibles (IST).
Les sages-femmes au cœur de la réponse humanitaire
Pour relever ces défis, notre association membre, l’Association des Sages-Femmes d’Haïti (ASFH), s’est associée à l’International Planned Parenthood Federation (IPPF) pour lancer l’initiative « Stream 3: Humanitarian Emergency Response » (volet 3 : réponse aux urgences humanitaires).
Cette campagne déploie des cliniques mobiles dans quatre sites de réfugiés, dispensant des soins aux populations les plus vulnérables. Ces services comprennent :
- Des consultations prénatales et gynécologiques : Veiller à ce que les femmes enceintes bénéficient d’un suivi médical adapté et d’une détection précoce des complications potentielles.
- Dépistage du VIH, de la syphilis et d’autres IST : Crucial pour la prévention et le traitement des infections qui pourraient mettre en danger la santé des femmes et de leurs partenaires.
- La prévention des grossesses non planifiées : Distribution de préservatifs et mise à disposition de méthodes contraceptives à court et à long terme pour permettre aux femmes de faire des choix éclairés concernant leur santé reproductive.
- L’orientation vers des services spécialisés dans les cas de violence fondée sur le genre : Mise en relation des survivants de la violence fondée sur le genre avec les services d’aide appropriés, notamment une aide psychologique.
Ces cliniques mobiles répondent à des besoins urgents tout en redonnant aux femmes et aux jeunes filles un sentiment de dignité et de sécurité.
Le rôle essentiel des sages-femmes
En période de crise, les sages-femmes sont souvent les seuls prestataires de soins accessibles aux femmes et aux jeunes filles vivant dans des zones reculées ou à haut risque. Leur expertise en matière de soins SSRMNA les rend indispensables aux efforts humanitaires. Au-delà des soins médicaux, les sages-femmes apportent un soutien émotionnel et psychosocial rassurant dans des environnements où les femmes et les jeunes filles se sentent particulièrement vulnérables.
Les sages-femmes sauvent des vies, réduisent les complications et défendent les droits fondamentaux des femmes et des jeunes filles. Leur présence garantit la poursuite des soins critiques, même dans les circonstances les plus difficiles.
Un appel à la solidarité internationale
L’intervention de l’ASFH a eu un impact considérable, mais il est essentiel de continuer à la soutenir. Les ressources matérielles et financières restent limitées et les sages-femmes travaillent souvent dans des conditions extrêmement difficiles. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour soutenir ces initiatives et garantir l’accès aux soins de SSMNA en Haïti.
La situation en Haïti exige une attention urgente. Soutenir les sages-femmes et leur travail est une étape cruciale pour améliorer les résultats sanitaires et sauvegarder la dignité et les droits des femmes et des personnes de genre divers pendant cette crise.
