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Les sages-femmes au service de la couverture sanitaire universelle

ICM
23 janvier 2024

La couverture sanitaire universelle (CSU) consiste à assurer à tous l’accès aux services de santé de qualité dont ils ont besoin, au moment et à l’endroit où ils en ont besoin, y compris dans les situations d’urgence, sans risque de difficultés financières (Assemblée mondiale de la santé, 2005). Les dirigeants mondiaux se sont engagés à atteindre la santé publique universelle d’ici 2030 et il est impératif que les sages-femmes et les associations de sages-femmes soient incluses dans la planification de la santé publique universelle à tous les niveaux – local (y compris au niveau de l’établissement et de la communauté), régional et national.  

Les sages-femmes sont souvent le premier point de contact pour les femmes enceintes et sont stratégiquement placées pour fournir des soins aux femmes et à leurs nouveau-nés tout au long du continuum de l’accouchement de manière autonome, en collaborant si nécessaire avec d’autres professionnels. Les données actuelles montrent que les progrès concernant les objectifs de développement durable relatifs à la réduction de la mortalité maternelle et à l’élimination des décès évitables d’enfants de moins de 5 ans (objectifs de développement durable 3.1 et 3.2) sont à l’arrêt dans la plupart des pays.  

La mortalité maternelle n’est pas seulement liée aux grossesses planifiées. Chaque année, 172 millions de femmes n’ont pas accès aux moyens de contraception modernes qu’elles souhaitent, ce qui entraîne une augmentation des grossesses non planifiées, des complications liées à la grossesse et à l’accouchement et des avortements pratiqués dans des conditions dangereuses.  

La mise en place d’une couverture sanitaire universelle et l’intégration des soins dispensés par les sages-femmes dans les systèmes de santé peuvent contribuer de manière significative à résoudre ces tragédies souvent évitables et à combler les lacunes en matière de prestation de services. 

Les données montrent que l’investissement dans la couverture universelle des soins de santé par des sages-femmes a des retombées positives sur les plans économique, social et sanitaire 

Les données montrent que l’investissement dans les sages-femmes peut améliorer la santé des femmes et des nouveau-nés, faciliter la stabilité économique et avoir un impact macroéconomique positif (« Situation de la pratique sage-femme dans le monde », 2021). La couverture universelle par des sages-femmes d’ici 2035 pourrait permettre d’éviter 67 % des décès maternels, 64 % des décès de nouveau-nés et 65 % des mortinaissances. Même une augmentation modeste de 10 % des services dirigés par des sages-femmes tous les cinq ans pourrait prévenir 22 % des décès maternels, 23 % des décès de nouveau-nés et 14 % des mortinaissances. Globalement, 4,3 millions de vies pourraient être sauvées chaque année d’ici à 2035 si l’on parvenait à une couverture sanitaire universelle par des sages-femmes. 

Au lieu d’être confrontées à la tragédie et au traumatisme de la perte évitable de mères et de nouveau-nés, les communautés jouiraient d’une meilleure santé et d’un plus grand bien-être, et pourraient se concentrer sur leur développement et leur croissance.  

Malgré ces statistiques éloquentes, les sages-femmes représentent moins de 10 % du personnel mondial chargé de la santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente (SSRMNIA). Avant la pandémie de COVID-19, le monde avait besoin de 900 000 sages-femmes supplémentaires, principalement dans les pays à faible revenu et en Afrique. 

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence la nécessité de mettre en place une couverture sanitaire universelle pour les périodes de crise et de calme, montrant clairement que la couverture sanitaire universelle et la sécurité sanitaire mondiale sont deux objectifs interdépendants. Dans un monde post-COVID confronté à des crises qui s’entrecroisent, notamment la hausse des températures due à la crise climatique, la santé publique universelle est plus importante que jamais. 

Chaque sage-femme et chaque association de sages-femmes a un rôle à jouer pour garantir que les soins dispensés par les sages-femmes soient inclus dans les soins de santé universels 

Les sages-femmes sont en première ligne pour veiller à ce que les femmes et les familles aient accès à des SSRMNIA de qualité. Les sages-femmes sont d’autant plus importantes en temps de crise que si elles sont autorisées à travailler dans l’ensemble de leur champ d’action, elles peuvent veiller à ce que les femmes, les personnes de genre divers et les nouveau-nés reçoivent les soins de santé primaires de qualité dont ils ont besoin, en facilitant l’orientation vers les soins de niveau supérieur, le cas échéant. 

L’ICM exhorte donc les associations membres à engager les gouvernements et les décideurs politiques à tous les niveaux pour défendre l’inclusion des soins dispensés par les sages-femmes dans la couverture sanitaire universelle. La mise en œuvre de la CSU est une occasion unique pour les AM d’approcher les décideurs politiques pour les inciter à agir immédiatement. L’objectif est de concevoir et financer des approches intégrées visant à soutenir à la fois la couverture sanitaire universelle et les capacités de prévention, de préparation et de réponse aux urgences sanitaires dans le cadre d’efforts plus larges visant à mettre en place des systèmes de santé équitables et résilients. Cela peut se faire de la manière suivante : 

  • Engager les gouvernements et les dirigeants politiques à tous les niveaux à inclure les sages-femmes dans les discussions nationales sur la couverture sanitaire universelle et à intégrer la couverture sanitaire universelle menée par les sages-femmes dans le système de santé. 
  • Plaider pour que les sages-femmes aient les moyens et les ressources nécessaires pour travailler dans l’ensemble de leur champ de pratique dans un système de santé favorable et performant. 
  • Plaider pour que les sages-femmes aient la possibilité de participer à toutes les prises de décision liées à la SSRMNIA et à la CSU. 
  • Présenter le travail des sages-femmes dans les médias comme un moyen de créer un soutien public pour les soins dispensés par les sages-femmes. 
  • Créer des partenariats avec les parties prenantes, notamment les associations de femmes, les professionnels de la santé, les décideurs politiques et les partenaires régionaux et internationaux, qui peuvent tous plaider en faveur de l’intégration des soins prodigués par les sages-femmes dans la CSU.