La pratique sage-femme au Rwanda : ce que vous devez savoir avant la Conférence régionale pour l’Afrique et la Méditerranée orientale
À l’approche de la conférence régionale de l’ICM pour l’Afrique et la Méditerranée orientale qui se tiendra du 24 au 26 septembre à Kigali, au Rwanda, il est temps d’explorer et de comprendre le panorama de la pratique sage-femme dans ce pays. Explorer les pratiques et les défis des sages-femmes dans différents contextes est essentiel pour réfléchir et améliorer les normes de soins au sein de nos communautés. En prévision de cet événement exceptionnel, la première des quatre conférences régionales prévues pour cette période triennale, nous avons eu le privilège de nous entretenir avec Joséphine Murekezi, présidente de la Rwanda Association of Midwives (RAM), afin d’obtenir des informations précieuses sur la situation de la pratique sage-femme au Rwanda.
Parlez-nous de votre association de sages-femmes, quand a-t-elle été créée et combien de membres compte-t-elle ?
La Rwanda Association of Midwives (RAM) a été créée en 2011 avec un effectif initial de 300 membres. Le 25 avril 2018, elle a été officiellement reconnue comme organisation non gouvernementale (ONG) par le Rwanda Governance Board. La RAM a rejoint l’ICM en 2013 et est devenue membre de la Confederation of African Midwives Association (CONAMA) en 2018. Notre association de sages-femmes est la principale organisation professionnelle représentant les sages-femmes et faisant progresser la pratique sage-femme au Rwanda. Nous nous consacrons à la promotion de la pratique sage-femme à travers le plaidoyer et l’amélioration du leadership, de la gestion et de la gouvernance dans notre système de santé. Actuellement, la RAM compte 420 membres actifs, tandis que le Rwanda compte un total de 2600 sages-femmes, le nombre de membres évolue au fil du temps.
Quels sont les prérequis en matière d’éducation et de formation pour les sages-femmes au Rwanda ?
En 1996, le gouvernement rwandais, en collaboration avec le ministère de l’Éducation et le ministère de la Santé, a lancé des programmes de formation de sages-femmes à l’Institut de santé de Kigali (Kigali Health Institute—KHI). Ces programmes s’adressent à la fois aux élèves en admission directe et aux élèves en soins infirmiers qui souhaitent s’orienter vers la pratique sage-femme. La formation de trois ans se termine par l’obtention d’un diplôme supérieur en pratique sage-femme.
Au fil du temps, KHI a élargi ses offres. En 2006, il a lancé un cursus de quatre ans, offrant désormais deux options distinctes : un diplôme de Bachelor of Science en pratique sage-femme avec entrée directe, d’une durée de quatre ans, ou un programme de Bachelor of Midwifery Education adapté aux titulaires d’un Diplôme d’études supérieures, d’une durée de deux ans. De plus, les sages-femmes peuvent suivre un master en pratique sage-femme après avoir obtenu leur Bachelor, à condition d’avoir au moins deux ans d’expérience dans la pratique clinique ou dans l’enseignement au sein d’un établissement reconnu.
Quels sont les initiatives ou les programmes mis en place pour soutenir les sages-femmes au Rwanda ?
En juillet 2023, le gouvernement rwandais a lancé l’initiative 4×4 Reform, qui vise à quadrupler le nombre de travailleurs de la santé à l’échelle nationale, en mettant l’accent sur l’augmentation du personnel sage-femme. Cette stratégie a déjà permis d’obtenir 500 bourses pour des sages-femmes en partenariat avec des ONG.
Le projet Enabel’s Barame a joué un rôle essentiel en soutenant la Rwanda Association of Midwives par le biais de programmes de mentorat axés sur l’amélioration de la gestion de la qualité des soins obstétricaux et néonataux d’urgence (EmONC). Cette initiative vise à renforcer la capacité des professionnels de la santé à fournir des services maternels et néonatals de haute qualité, réduisant ainsi les taux de morbidité et de mortalité au Rwanda.
L’UNFPA a également joué un rôle déterminant dans le soutien apporté à la pratique sage-femme au Rwanda. Ce soutien comprend des bourses pour les étudiants en master et en doctorat dans le domaine de la formation en pratique sage-femme, ainsi qu’une formation basée sur la simulation pour les sages-femmes en formation initiale et en cours d’emploi, dans le cadre d’un programme de mentorat. En outre, l’UNFPA a contribué à renforcer la Rwanda Association of Midwives et à faire progresser la réglementation de la pratique sage-femme dans le pays grâce à l’introduction d’un sous-groupe de travail technique du groupe de travail sur la pratique sage-femme. Leurs efforts de plaidoyer continuent à promouvoir les investissements dans les programmes sur la pratique sage-femme.
La RAM collabore actuellement avec Jhpiego pour améliorer sa durabilité institutionnelle, financière et programmatique. Ce partenariat vise à permettre à la RAM de mettre en œuvre efficacement des prix et des initiatives qui profitent directement à l’association et contribuent à son développement à long terme.
Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontées les sages-femmes au Rwanda ?
Les sages-femmes du Rwanda sont confrontées à plusieurs défis importants, notamment une pénurie de sages-femmes dans tout le pays, ce qui met les services de santé à rude épreuve. Les bas salaires sont un problème courant qui affecte le moral et la rétention des sages-femmes. Le manque de reconnaissance des résultats scolaires des sages-femmes constitue un autre défi, qui entrave l’évolution de leur carrière. Les taux de rotation élevés accentuent ces problèmes, ce qui a un impact sur la continuité des soins. De nombreuses sages-femmes sont également confrontées à des heures supplémentaires non rémunérées en raison de leur lourde charge de travail, ce qui entraîne un épuisement professionnel et nuit à la qualité des soins dispensés aux patients. En outre, la charge de travail exigeante augmente le risque de faute professionnelle, ce qui constitue un autre obstacle à une prestation efficace de soins de santé maternelle et néonatale au Rwanda.
Quelles sont vos attentes concernant la prochaine conférence de l’ICM à Kigali et pourquoi pensez-vous qu’il s’agira d’un événement intéressant pour les sages-femmes ?
Nous sommes ravis d’accueillir la toute première conférence de l’ICM à Kigali, c’est un grand honneur pour nous. Les conférences de ce type sont importantes car elles rassemblent un vaste réseau de professionnels universitaires et non universitaires qui partagent leurs connaissances et échangent des idées.
Les sages-femmes rwandaises sont impatientes d’apprendre des autres. Nos sages-femmes veulent comparer ce qu’elles font avec ce que font les autres et apprendre de nouvelles façons d’améliorer les soins. Elles se réjouissent également de trouver de nouvelles idées pour leurs propres projets de recherche en voyant comment les autres résolvent les problèmes.
Dans l’ensemble, la participation à la conférence de l’ICM à Kigali sera une excellente occasion pour nos sages-femmes d’apprendre, de collaborer et de contribuer à l’amélioration des soins de sage-femme dans le monde entier.
Ne manquez pas l’occasion de progresser, d’apprendre et de nouer des liens lors de la conférence régionale pour l’Afrique et la Méditerranée orientale. Réservez votre place dès aujourd’hui et rejoignez-nous pour apprendre les uns des autres et construire des associations de sages-femmes plus fortes.