Environnement favorable, Plaidoyer

De la COP28 à l’IDM : le rôle des sages-femmes dans l’action climatique 

ICM
5 avril 2024

Par Neha Mankani 

L’année dernière, j’ai eu l’occasion de partager le lien crucial entre les sages-femmes, la santé maternelle et le changement climatique lors d’un événement organisé dans le cadre de la 8e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP28). L’événement, dirigé par l’UNFPA et coorganisé par divers acteurs de la santé mondiale, faisait partie d’une série d’événements prévus dans le cadre de la première Journée de la santé de l’histoire de la COP. 

Cet événement a réuni des experts qui ont abordé l’impact du changement climatique sur la santé maternelle, néonatale et infantile (SMNI), discuté des difficultés rencontrées et proposé des solutions évolutives et locales. Le rôle essentiel des sages-femmes pour relever ces défis et renforcer la résilience a été un thème récurrent tout au long de l’événement. 

Les sages-femmes fournissent des soins essentiels aux mères et aux nouveau-nés, souvent dans un cadre communautaire, avec une empreinte carbone minimale. Avec cette approche durable, elles se positionnent comme un atout dans la lutte contre le changement climatique. Le partage de mes expériences directes de travail dans des communautés affectées par le climat et lors de catastrophes climatiques, ainsi que l’accent mis sur l’implication des sages-femmes et de l’ICM dans la capacité de préparation et de réponse au changement climatique, m’ont permis de mettre en évidence la durabilité inhérente au modèle de continuité des soins de la sage-femme. 

Les conversations autour des soins de maternité, du changement climatique et de la pratique sage-femme ont également mis en lumière un aspect crucial mais souvent négligé : l’impact de la chaleur et des contraintes climatiques sur les prestataires de soins de santé eux-mêmes et le lien indispensable entre les chaleurs extrêmes et la qualité des soins de maternité respectueux de la personne. Cela souligne la nécessité de prendre en compte le bien-être des prestataires de soins de santé en même temps que celui des mères et des nouveau-nés. Les sages-femmes sont elles aussi touchées par le changement climatique – elles travaillent et se déplacent sous une chaleur extrême, ce qui affecte souvent leur capacité à travailler de manière optimale. Le rôle des établissements de santé respectueux du climat, qui contribuent à soutenir les soins durables et à atténuer le rôle du changement climatique dans la prestation et la continuité des soins, est également important dans cette discussion. 

Si la déclaration des Émirats arabes unis sur le climat et la santé, adoptée lors de la COP28 par 123 pays, offre une lueur d’espoir pour un avenir caractérisé par des systèmes de santé mieux équipés et des émissions réduites, il est essentiel de rester prudemment optimiste. Le véritable test consiste à traduire les engagements de haut niveau en actions tangibles au niveau local. Cette condition indispensable nous permettra de nous assurer que ces promesses ont un impact réel sur la vie des communautés et des sages-femmes qui les servent. 

Avec le thème de cette année pour la Journée internationale de la sage-femme (IDM) : « Les sages-femmes : Une solution vitale pour le climat », le moment est plus propice que jamais pour souligner l’importance de donner aux prestataires de soins de santé, en particulier aux sages-femmes, les moyens de relever efficacement les défis posés par le changement climatique et de développer une véritable résilience. Cette responsabilisation comporte trois aspects essentiels : 

  • Environnements favorables : Veiller à ce que les sages-femmes disposent de l’infrastructure et du soutien nécessaires pour exercer leur profession de manière autonome et dans l’intégralité de leur champ de pratique. Cela inclut l’accès aux ressources essentielles et un environnement de travail favorable, même pendant les pires conséquences du changement climatique. 
  • Équité des connaissances : Fournir aux sages-femmes les données les plus récentes sur les liens entre le changement climatique et la santé maternelle, néonatale et infantile (SMNI). Ces informations leur permettent d’agir en connaissance de cause, de plaider en faveur du changement au sein de leur communauté et de contribuer à l’amélioration des résultats en matière de santé. 
  • Représentation et influence : Donner aux sages-femmes une voix dans les efforts de prévention et de préparation aux catastrophes, en veillant à ce que leurs perspectives soient prises en compte dans les processus de prise de décision à tous les niveaux. Cela inclut la représentation dans les discussions politiques, l’allocation des ressources et les rôles de leadership au sein des systèmes de soins de santé et des équipes d’intervention en cas de catastrophe. 

L’impact du changement climatique sur la santé maternelle, néonatale et infantile est largement reconnu, mais les effets disproportionnés sur la santé des femmes et l’accès aux soins de santé doivent être étudiés plus avant et faire l’objet d’une allocation de ressources. Si la COP28 a servi de plateforme précieuse pour discuter du rôle essentiel des sages-femmes dans l’atténuation de l’impact du changement climatique sur la santé maternelle, néonatale et infantile, elle doit être considérée comme un point de départ plutôt que comme un point d’arrivée. Pour construire un avenir résilient, nous devons promouvoir des soins durables et de proximité, renforcer les ressources et l’autonomie des prestataires de soins de santé et favoriser le partage continu des connaissances. 

Au-delà de ces points, il est essentiel d’amplifier la voix des sages-femmes et de plaider en faveur d’une meilleure compréhension des défis uniques auxquels elles sont confrontées. Il est essentiel de reconnaître le lien complexe entre le climat, le genre et la santé maternelle pour créer un avenir où l’action climatique et les soins de santé durables iront de pair. 

Rejoignez la Confédération internationale des sages-femmes pendant l’IDM pour plaider en faveur de l’investissement, des ressources, de l’autonomie, de la reconnaissance et d’un siège à chaque table de décision pour les sages-femmes.