Rapport

L’État de la pratique de sage-femme dans le monde 2021 

Environnement favorable
ICM, OMS, UNFPA
Dernière édition 10 janvier 2024 18:32 CET
Midwife Juliya Akter is wrapping a newborn and showing the mother how to take care of the newborn. Keraniganj Upazila Health Complex, Bangladesh.

Le rapport sur L’état de la pratique de sage-femme dans le monde, publié en 2021, comprend des recommandations de politiques visant à améliorer la prestation de services de santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale et des adolescents, ainsi que le leadership et la gouvernance de la pratique sage-femme. Ces recommandations de politiques ont fait l’objet d’une réunion des ministres de la Santé, le 18 mai, et d’un dialogue à l’occasion de la 74e Assemblée mondiale de la Santé qui s’est tenue le 24 mai, au cours de laquelle les États membres qui entretiennent des relations officielles avec l’OMS ont adopté les orientations stratégiques mondiales 2021-2025 pour les soins infirmiers et obstétricaux fondés sur des données probantes, ainsi qu’une résolution sur le personnel de santé.

Des millions de femmes et de nouveau-nés perdent la vie et des millions d’autres souffrent de maladies ou de blessures, parce que les besoins des femmes enceintes et les compétences des sages-femmes ne sont ni reconnus, ni prioritaires.

Le monde est actuellement confronté à une pénurie de 900 000 sages-femmes, soit un tiers des effectifs mondiaux requis. La crise de la COVID19 n’a fait qu’exacerber ces problèmes. En effet, les besoins sanitaires des femmes et des nouveau-nés ont été relégués au second plan, les services de pratique sage-femme ont été perturbés et les sages-femmes ont été déployées dans d’autres services de santé.

Ce sont là quelques-unes des principales conclusions du rapport 2021 sur L’état de la pratique de sage-femme dans le monde, élaboré par l’UNFPA (le Fonds des Nations Unies sur la population), l’OMS (l’Organisation mondiale de la Santé), la Confédération internationale des sages-femmes (ICM) et leurs partenaires, qui évalue les effectifs de sages-femmes et les ressources sanitaires connexes dans 194 pays.

La pénurie aiguë de sages-femmes entraîne un bilan mondial catastrophique de décès évitables. Une analyse réalisée pour ce rapport, publiée dans The Lancet en décembre dernier, a montré que doter les soins dispensés par les sages-femmes de toutes les ressources nécessaires d’ici 2035 permettrait d’éviter 67 % des décès maternels, 64 % des décès de nouveau-nés et 65 % des mortinaissances. Environ 4,3 millions de vies seraient sauvées chaque année.

Malgré les alertes lancées dans le dernier rapport sur L’état de la pratique de sage-femme dans le monde en 2014 qui fournissait également une feuille de route sur la manière de remédier à ce déficit, les progrès réalisés au cours des huit dernières années ont été trop lents. D’après l’analyse effectuée dans le rapport de cette année, au rythme actuel des progrès, la situation ne progressera que légèrement d’ici 2030.

Les inégalités de genre sont un facteur non reconnu de cette pénurie massive. La persistance du manque d’effectifs de sages-femmes est un signe que les systèmes de santé ne donnent pas la priorité aux besoins des femmes et des filles en matière de santé sexuelle et reproductive et ne reconnaissent pas le rôle des sages-femmes – dont la plupart sont des femmes – pour répondre à ces besoins. 93 % des sages-femmes et 89 % des infirmières sont des femmes.

Les sages-femmes ne se contentent pas d’accompagner l’accouchement. Elles fournissent également des soins prénatals et postnatals ainsi qu’une série de services de santé sexuelle et reproductive, notamment la planification familiale, la détection et le traitement des infections sexuellement transmissibles et les services de santé sexuelle et reproductive pour les adolescents, tout en garantissant des soins respectueux et en faisant respecter les droits des femmes. Lorsque le nombre de sages-femmes augmente et qu’elles sont en mesure de fournir des soins dans un environnement favorable, la santé des femmes et des nouveau-nés s’améliore dans son ensemble, ce qui profite à toute la société.

Afin que les sages-femmes réalisent leurs capacités potentielles à sauver et à changer des vies, il est nécessaire d’investir davantage dans leur éducation et leur formation, dans la prestation de services dirigés par les sages-femmes et dans le leadership des sages-femmes. Les gouvernements doivent donner la priorité au financement et au soutien de la profession de sage-femme et prendre des mesures concrètes pour inclure les sages-femmes dans l’élaboration des politiques de santé.