La santé sexuelle et reproductive des personnes transgenres : un mythe à briser par les sages-femmes
Par Ky Walker
Historiquement, les personnes trans ont été victimes de marginalisation et de discrimination dans le cadre des soins de santé sexuelle et reproductive. Aujourd’hui encore, elles sont souvent exclues des discussions sur les soins de pratique sage-femme et, plus généralement, sur la santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale et adolescente. Les soins prodigués par les sages-femmes étant fondés sur la justice, l’équité et la dignité, nous nous efforçons, à l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie, de dissiper certains mythes et idées fausses concernant les soins de santé et les soins de pratique sage-femme prodigués aux personnes transgenres.
Mais avant d’aborder ce sujet, il est essentiel de définir les termes « trans » et « transgenre ». Selon un rapport du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés datant de 2021, ces termes englobent toute une série d’identités, notamment les identités non binaires, fluides et non conformes au genre, qui dénotent toutes un sentiment intime de genre différent du sexe assigné à la naissance et du genre attribué à l’individu par la société. Dans cet article, lorsque nous parlons d’hommes trans et de femmes trans, nous incluons également les personnes qui s’identifient respectivement comme transféminines et transmasculines, des termes inclusifs pour les personnes qui suivent un parcours de masculinisation ou de féminisation, quelle que soit leur identité de genre.
Mythe : les personnes trans n’ont pas besoin de contraceptifs car elles sont déjà stériles ou subfertiles.
Réalité : Si l’hormonothérapie peut avoir un effet sur la fertilité, celui-ci n’est pas nécessairement permanent et ne doit pas être considéré comme un moyen de contraception. Un homme trans qui prend de la testostérone et qui a des ovaires peut encore ovuler, même s’il n’a pas de règles, ce qui signifie qu’il peut tomber enceinte. Une femme transgenre qui prend des œstrogènes ou des bloqueurs de testostérone et qui a des testicules peut encore produire des spermatozoïdes, ce qui signifie qu’elle pourrait féconder quelqu’un.
Les sages-femmes peuvent favoriser l’autonomie et permettre des choix éclairés en matière de contraception pour les personnes trans qui ne veulent pas risquer une grossesse, ainsi qu’en matière de préservation de la fertilité pour celles qui le souhaitent.
Sources :
Todd, N. At risk of pregnancy? Contraception for transgender, nonbinary, gender-diverse, and Two Spirit patients. BC Medical Journal. 2022.
Mythe : les hommes trans ne peuvent pas tomber enceintes ou donner naissance à un enfant.
Réalité : De nombreux hommes trans conservent leur utérus et leurs ovaires ce qui leur permet d’être enceintes et de donner naissance à un enfant. Si la thérapie à la testostérone peut avoir un impact sur leur fertilité et leur capacité à tomber enceinte, cela ne veut pas dire que c’est impossible. Les hommes trans qui souhaitent porter un enfant se heurtent souvent à des obstacles dans l’accès à l’information et aux soins concernant la grossesse. D’autres, qui ne souhaitent pas être enceintes, ne bénéficient pas d’une orientation complète en matière de contraception ou de services d’avortement.
Le rôle des sages-femmes dans la prestation de soins fondés sur des données probantes peut atténuer ce problème en fournissant des soins de soutien, sans jugement, adaptés aux besoins des hommes trans qui traversent la grossesse et l’accouchement.
Sources :
Hoffkling, A., Obedin-Maliver, J. & Sevelius, J. From erasure to opportunity: a qualitative study of the experiences of transgender men around pregnancy and recommendations for providers. BMC Pregnancy Childbirth. 2017.
Obedin-Maliver J, Makadon HJ. Transgender men and pregnancy. Obstetric Medicine. 2016.
Mythe : les personnes trans n’ont pas besoin d’un dépistage du cancer du col de l’utérus ou du sein.
Réalité : De nombreux hommes trans ont encore un col de l’utérus ou du tissu mammaire, ce qui signifie qu’ils restent exposés au risque de cancer du col de l’utérus ou du sein. De nombreuses femmes trans et personnes transféminines qui suivent un traitement hormonal à base d’œstrogènes développent des tissus mammaires qui peuvent augmenter leur risque de cancer du sein. Cependant, les personnes trans sont rarement incluses dans les informations sur les dépistages du cancer.
Les sages-femmes peuvent créer un environnement accueillant, inclusif et centré sur la personne pour s’assurer que les personnes trans reçoivent les soins préventifs nécessaires conformément aux directives locales de dépistage.
Sources :
Standards of Care for the Health of Transgender and Gender Diverse People, Version 8. International Journal of Transgender Health. 2022.
Sterling J, Garcia MM. Cancer screening in the transgender population: a review of current guidelines, best practices, and a proposed care model. Translational Andrology and Urology. 2020.
Mythe : les sages-femmes ne participent pas aux soins des personnes trans.
Réalité : Les personnes trans, comme tout le monde, doivent avoir accès à des soins de santé sexuelle et reproductive inclusifs qui respectent leur liberté de prendre des décisions concernant leur corps et leur vie. Les sages-femmes sont bien placées pour offrir ces services essentiels.
Le modèle de continuité des soins dispensés par les sages-femmes place les expériences, l’expertise et les besoins de l’individu au centre, grâce à des soins personnalisés et non autoritaires. Les sages-femmes peuvent fournir des soins en partenariat avec les personnes trans, en respectant leur droit à l’autonomie corporelle dans un environnement bienveillant.
Sources :
Philosophie et modèle de soins de pratique sage-femme. [https://internationalmidwives.org/fr/resources/philosophie-et-modele-de-soins-de-pratique-sage-femme/] 2024.