La pratique sage-femme en Allemagne : ce que vous devez savoir avant la Conférence régionale pour l’Europe
À l’approche de la conférence régionale de l’ICM pour l’Europe, prévue du 8 au 10 novembre à Berlin, nous avons eu l’honneur d’interviewer Ulrike Geppert-Orthofer, présidente de l’Association allemande des sages-femmes (DHV). Elle a partagé des informations précieuses sur la situation de la pratique sage-femme en Allemagne.
Explorer les pratiques et les difficultés des sages-femmes dans différents contextes est indispensable pour réfléchir sur les normes de soins au sein de nos propres communautés et à la manière de les améliorer. Ne manquez pas l’occasion d’apprendre des sages-femmes de votre région lors des conférences régionales de l’ICM. Cette année, nous en accueillons deux : l’une pour la région Afrique et Méditerranée orientale, à Kigali, et l’autre pour l’Europe, à Berlin. Les destinations de l’année prochaine seront annoncées prochainement.
Parlez-nous de l’Association allemande des sages-femmes, de sa date de création et de son nombre de membres.
L’association allemande des sages-femmes (Deutscher Hebammenverband – DHV) a été fondée en 1954. À l’image de la structure fédérale de l’Allemagne, la DHV est l’organisation principale dont les 16 États fédéraux sont membres. Les sages-femmes elles-mêmes adhèrent à l’association par l’intermédiaire de leurs sections fédérales respectives et sont actuellement plus de 22 000 membres. Depuis 2023, la DHV propose également une adhésion aux maisons de naissance dirigées par des sages-femmes. Nous pouvons dire avec fierté que sur les 115 maisons de naissance que compte l’Allemagne, 81 sont désormais membres de l’association.
Quelles sont les conditions requises en matière d’éducation et de formation pour les sages-femmes en Allemagne ?
En Allemagne, les critères d’éducation et de formation des sages-femmes sont bien structurés et réglementés afin de garantir des normes de soins élevées. Pour intégrer un programme de formation en pratique sage-femme, les candidats doivent avoir terminé leurs études secondaires. Dans certains cas, avoir suivi un programme de formation en soins infirmiers peut être suffisant.
Depuis 2020, la formation à la pratique sage-femme en Allemagne est devenue un programme de licence conformément à la réglementation de l’UE, ce qui représente un changement important puisque dans le système précédent, les sages-femmes étaient formées dans des écoles professionnelles. Le programme dure généralement de 3 à 4 ans et est proposé par les hautes écoles spécialisées.
À l’issue du programme, les candidats doivent passer un examen d’État qui évalue leurs connaissances et leurs compétences pratiques. Les candidats retenus doivent ensuite s’inscrire auprès de l’autorité sanitaire régionale compétente pour obtenir l’autorisation d’exercer la profession de sage-femme en Allemagne.
Les sages-femmes sont tenues de suivre une formation continue afin de maintenir et d’actualiser leurs compétences et leurs connaissances, ce qui implique une participation régulière à des cours, des ateliers et des conférences. Pour les personnes qui ont terminé leur formation de sage-femme avant la mise en place de la licence exigée, il existe des possibilités d’améliorer leurs qualifications en suivant des cours supplémentaires et en obtenant des certificats.
Quels sont les initiatives ou les programmes mis en place pour soutenir les sages-femmes en Allemagne ?
En Allemagne, la loi exige la présence obligatoire de sages-femmes lors de chaque accouchement, qu’il ait lieu à domicile ou à l’hôpital. Les hôpitaux doivent disposer d’un personnel sage-femme suffisant pour répondre à cette exigence. Plusieurs universités proposent des programmes de Master et de doctorat en pratique sage-femme, et diverses initiatives fédérales et nationales promeuvent la pratique sage-femme et l’accouchement physiologique. Ces efforts sont soutenus par un lobbying intensif de l’Association allemande des sages-femmes (DHV) et des 16 associations de sages-femmes régionales.
Ce lobbying comprend des efforts visant à :
- Renforcer la coopération entre les sages-femmes et les services d’urgence.
- Proposer des programmes de réinsertion aux sages-femmes qui n’exercent plus depuis plusieurs années.
- Inclure les sages-femmes dans les programmes d’enseignement scolaire afin qu’elles partagent leur expertise en matière de grossesse, d’accouchement et de soins post-partum.
Les sages-femmes participent également à des organisations de la société civile, telles que la Good Birth Alliance et diverses organisations de parents, afin d’améliorer les soins pendant la grossesse et à l’accouchement, ainsi que les conditions de travail des sages-femmes. La DHV joue un rôle clé en représentant les intérêts des sages-femmes, en lançant des programmes de soutien et en plaidant pour une pratique de la profession de sage-femme en Allemagne. Parmi les initiatives notables, figurent :
- La mise en place d’un réseau national d’unités parallèles de pratique sage-femme.
- L’élaboration de critères pour les maisons de naissance dirigées par des sages-femmes.
La DHV entretient un dialogue étroit avec les législateurs, apportant sa contribution aux projets de loi visant à renforcer le rôle des sages-femmes dans les soins primaires. Elle négocie également avec les régimes légaux d’assurance maladie en ce qui concerne l’étendue des services et la rémunération des sages-femmes indépendantes.
Les femmes peuvent bénéficier de l’assistance de sages-femmes du début de la grossesse à l’accouchement et jusqu’à un an après la naissance. L’assurance maladie couvre les services jusqu’à 12 semaines après la naissance sans justification supplémentaire. La DHV offre à ses membres des conseils professionnels et juridiques, une assistance en cas de recours en responsabilité sanitaire, l’accès à un système de gestion de la qualité et une assurance responsabilité professionnelle.
De plus, la DHV organise des cours de formation en matière de compétences, d’intervention d’urgence et de communication. Le congrès national bisannuel sur la pratique sage-femme est le plus important d’Europe. La Société allemande pour l’éducation médicale travaille à l’harmonisation des études en pratique sage-femme, tandis que la Société allemande pour la science de la pratique sage-femme (DGHWi), fondée en 2008, fournit des lignes directrices et organise tous les deux ans le Symposium international pour la science de la pratique sage-femme. La DGHWi et la DHV collaborent à l’élaboration et à la mise à jour des lignes directrices cliniques avec d’autres professions médicales.
Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontées les sages-femmes en Allemagne?
En Allemagne, les sages-femmes sont confrontées à quelques défis majeurs. La rémunération équitable des sages-femmes salariées et indépendantes représente un enjeu important, tout comme la garantie de bonnes conditions de travail dans les hôpitaux. La reconnaissance de la qualité et de la sécurité des accouchements en dehors de l’hôpital constitue un autre défi. De plus, les hiérarchies fortes qui persistent dans les hôpitaux, les universités et la société continuent de poser des difficultés aux sages-femmes.
Qu’attendez-vous de la prochaine conférence de l’ICM à Berlin et quel sera, selon vous, l’intérêt pour les sages-femmes ?
Nous nous réjouissons que des collègues de toute l’Europe viennent en Allemagne pour la prochaine conférence de l’ICM à Berlin. Ce sera une merveilleuse occasion pour les sages-femmes de se rencontrer, de passer du temps ensemble, d’apprendre et d’engager des conversations intéressantes. Je me réjouis à l’idée de participer à un échange inspirant et d’assister à des présentations intéressantes proposées par d’autres sages-femmes européennes. Les expériences passées du symposium international de la Société allemande de science sage-femme (DGHWi) et de la conférence triennale de l’ICM ont montré que nos collègues apprécient énormément l’échange avec des sages-femmes d’autres pays. Cette conférence sera une excellente occasion d’étendre notre réseau international.
Ne manquez pas l’occasion de vous développer, d’apprendre et de vous connecter lors de la Conférence régionale européenne. Réservez votre place dès aujourd’hui et rejoignez-nous pour apprendre les uns des autres et construire des associations de sages-femmes plus fortes.