Plaidoyer, Pratique des sages-femmes

Pass the Mic : Samira Benbarkat, sage-femme algérienne et défenseure passionnée de l’allaitement maternel

ICM
5 août 2025

«Aider une femme à allaiter, c’est soutenir une vie. L’allaitement n’est pas seulement du lait, c’est un monde à part entière.»

– Samira Benbarkat

En Algérie, au sein de son cabinet privé et sur toutes les plateformes de réseaux sociaux, Samira Benbarkat incarne le dévouement, la résilience et la passion d’une sage-femme qui s’est efforcée de soutenir l’allaitement maternel et de plaider en sa faveur, même dans les contextes les plus difficiles. Pour la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, nous mettons cette sage-femme professionnelle sous les projecteurs, pour son soutien envers les mères, un allaitement après l’autre.

Un appel forgé dans l’adversité

Née en 1978, Samira a obtenu son diplôme de sage-femme en 2003 après une formation intensive dans le nord de l’Algérie. Elle a commencé sa carrière dans une région rurale reculée sans gynécologues et avec des ressources très limitées.

«Je me souviens d’une naissance qui s’est produite lors d’une coupure de courant, avec une simple petite torche… C’était difficile, mais cela m’a façonnée», dit-elle. Cette expérience a posé les bases de son engagement en faveur des soins maternels et néonatals, là où les besoins sont les plus grands.

L’allaitement maternel : un projet de vie

Après dix ans d’expérience professionnelle dans le secteur public, Samira a ouvert sa clinique privée qui a donné naissance à son projet : «L’allaitement maternel : un projet de vie». À travers des consultations individuelles, des cours prénatals et des ateliers sur l’allaitement, elle offre un soutien pratique. Mais elle savait que ce ne serait pas suffisant.

Reconnaissant que les crises comme les catastrophes naturelles ou les pandémies peuvent isoler les mères, elle a engagé une forte présence numérique sur Facebook, YouTube, Instagram et TikTok pour offrir une éducation et un soutien à distance. Elle a même collaboré avec des spécialistes de la lactation dans des zones de conflit, comme Gaza.

« J’ai vu des bébés retourner au sein après plusieurs semaines de difficulté. Chaque succès me donne la force de continuer. »

Pendant la pandémie de COVID-19 et à la suite de graves inondations qui ont coupé sa région des services de santé en 2024, Samira a maintenu le contact avec les mères dont elle avait la charge via des plateformes en ligne.

«Il n’y avait pas d’accès aux hôpitaux. Les réseaux sociaux sont devenus leur bouée de sauvetage. J’étais leur seule source de soutien».

Un impact tangible et durable

Samira a aidé des centaines de femmes, souvent en difficulté après des accouchements par césarienne, des traumatismes ou des tentatives d’allaitement

« J’ai aidé les mères à reprendre confiance en elles, à renouer avec leurs bébés. C’est le cœur de ce travail. »

Elle se souvient d’une mère qui, après quatre césariennes, n’a réussi à allaiter qu’après quatre mois de persévérance, et d’une autre qui a surmonté la psychose post-partum pour relancer l’allaitement exclusif près d’un an après. Pour Samira, l’allaitement n’est pas une simple question de nutrition, c’est aussi une question de guérison émotionnelle, de connexion et d’autonomisation.

Un message aux sages-femmes du monde entier

Pour Samira, le soutien à l’allaitement maternel est un acte vital de santé publique et de dignité humaine.

Aujourd’hui, Samira poursuit sa mission avec un dévouement inébranlable, convaincue que chaque allaitement réussi est une petite victoire – pour la santé, pour la vie et pour l’avenir.

« L’allaitement n’est pas seulement une question d’alimentation. C’est le confort, le lien, le bien-être mental. En cas de crise, c’est souvent la seule chose qu’une mère peut offrir à son bébé. Les sages-femmes doivent se tenir aux côtés des mères – ne jamais juger, toujours soutenir. »