Action humanitaire et changement climatique, Association, Plaidoyer, Afrique

Donner aux sages-femmes kenyanes les moyens de plaider et d’agir en faveur du climat 

ICM
12 mai 2025

En début d’année, l’ICM et la Midwives Association of Kenya (MAK) se sont associés pour organiser une série d’ateliers en deux parties visant à renforcer les capacités de leadership et de plaidoyer des sages-femmes au Kenya. L’initiative s’est concentrée sur deux domaines essentiels : renforcer les compétences en matière de plaidoyer stratégique afin d’influencer les changements politiques et systémiques et préparer les sages-femmes à faire face aux menaces croissantes du changement climatique sur la santé. 

30 personnes, dont des sages-femmes, des décideurs politiques et des partenaires de la société civile, ont participé aux ateliers organisés au lac Naivasha. Toutes étaient déterminées à faire progresser la pratique sage-femme et à améliorer les résultats en matière de santé pour les femmes, les nouveau-nés et les personnes de genre divers. Tous ces ateliers ont marqué une étape importante dans la préparation des sages-femmes du Kenya à induire un changement dans le système de santé et dans la lutte contre la crise climatique. 

Faire progresser le plaidoyer pour la pratique sage-femme 

Dirigé par l’experte en plaidoyer Farida Luyiga, le premier volet de l’atelier visait à aider les sages-femmes à développer des stratégies de plaidoyer efficaces et ciblées pour améliorer la reconnaissance, l’inclusion des politiques et la pratique sage-femme au Kenya. 

Les personnes participantes ont appris à définir des priorités de plaidoyer, à développer des objectifs SMART, à cartographier les parties prenantes, à créer des alliances, à élaborer des messages clairs et à concevoir des stratégies exploitables. La formation était enracinée dans les réalités auxquelles les sages-femmes sont confrontées et a été construite autour des conclusions d’une évaluation des besoins de plaidoyer menée à l’avance. 

La pénurie critique de sages-femmes au Kenya, l’absence de politiques soutenant les modèles de soins de la pratique sage-femme et la nécessité d’aligner leur formation sur les compétences essentielles et les normes mondiales pour la formation en pratique sage-femme figurent parmi les principales questions soulevées.  

«Même si j’ai un rôle de leader, j’ai trouvé la formation très utile. J’ai maintenant des outils pour définir les problèmes prioritaires et faire pression pour le changement dans le comté de Kilifi», a déclaré Doris Mwanzui, infirmière-sage-femme et responsable du programme du comté. 

Jane Mbaluka, trésorière nationale de la MAK, considère que l’atelier l’a aidée à formuler des messages persuasifs à l’intention des décideurs. Jacqueline Njeru, représentante régionale pour le centre du Kenya, a salué l’approche structurée et a déclaré qu’elle se sentait désormais équipée pour «plaider pour les sages-femmes ainsi que les femmes et les nouveau-nés que nous servons». 

La Dre Lister Onsongo, PDG du Conseil des soins infirmiers du Kenya, a reconnu la nécessité d’élever la profession de sage-femme en tant que profession spécifique et a partagé les plans du Conseil de travailler avec la MAK pour réviser les parcours de formation et définir le champ de compétences de la pratique sage-femme. La proposition de renommer le Conseil des soins infirmiers en Conseil des soins infirmiers et de pratique sage-femme du Kenya fait partie des principales questions soulevées au cours de l’atelier, reflétant la nécessité de reconnaître officiellement la profession de sage-femme en tant que profession spécifique dont le rôle est défini dans la politique de santé et la prestation de services. 

À la fin de l’atelier, les participants avaient élaboré des stratégies régionales de plaidoyer en utilisant les cadres introduits et s’étaient engagés à prendre des mesures immédiates au niveau national et au niveau des comtés. 

 

Équiper les sages-femmes pour le leadership climatique 

L’ICM a également piloté un nouveau programme de formation des formateurs (ToT) de trois jours axé sur le changement climatique et la santé maternelle. Dispensée par Neha Mankani, conseillère en engagement humanitaire et climat de l’ICM, la formation visait à former un cadre de sages-femmes prêtes à diriger l’action climatique dans leurs communautés. 

Le programme associe des connaissances fondamentales sur la science du climat à un renforcement des compétences pratiques. Les participants ont examiné le lien entre les risques climatiques – tels que les vagues de chaleur, les inondations et les sécheresses – et leur impact sur la santé sexuelle, reproductive, maternelle, néonatale et des adolescents, en particulier chez les populations vulnérables. 

Les séances interactives comprenaient une cartographie des vulnérabilités, des études de cas et une conférence invitée de Caroline Agwanda, défenseure des droits des personnes handicapées, qui a aidé les sages-femmes à explorer l’intersection du handicap, du changement climatique et de la santé reproductive. Les participants ont appris à mener des évaluations de vulnérabilité spécifiques à la clientèle et à élaborer des plans d’action climatiques adaptés à leurs contextes de pratique. 

«Cette formation a donné aux sages-femmes les outils nécessaires pour évaluer les risques climatiques et développer des solutions pratiques pour les communautés qu’elles servent. Elles sont maintenant mieux préparées à diriger les réponses climatiques locales pour protéger les femmes et les nouveau-nés», a déclaré Neha Mankani. 

Le dernier jour, chaque sage-femme a animé une séance de «retour d’expérience» – en répétant comment elle formerait les autres en utilisant les connaissances et les outils acquis. Ces séances ont renforcé leur capacité à étendre la formation à travers les comtés. 

Chemin à parcourir 

Ces deux ateliers ont créé une plate-forme puissante permettant aux sages-femmes du Kenya d’apporter le changement dans les domaines les plus urgents affectant leur profession et leurs communautés. 

Teckla N. Ngotie, présidente nationale de la MAK, a exprimé sa gratitude à l’ICM et au Foreign, Commonwealth & Development Office (FCDO) du Royaume-Uni pour leur soutien. «Voir les sages-femmes mettre immédiatement en œuvre ce qu’elles ont appris prouve qu’elles sont prêtes à prendre en charge le plaidoyer et à faire pression pour des politiques et des actions qui soutiennent et élèvent les sages-femmes au Kenya, en particulier face au changement climatique.» 

Les prochaines étapes consistent à intégrer l’éducation au changement climatique dans les programmes de formation en pratique sage-femme, à plaider en faveur de lignes directrices nationales sur la santé maternelle résiliente au climat et à mener des déploiements régionaux de la formation. L’ICM tirera également parti des leçons apprises pour adapter et affiner la formation pour divers contextes nationaux. Sur le front du plaidoyer, la MAK continuera à s’engager avec les parties prenantes gouvernementales pour promouvoir les modèles de soins des sages-femmes et obtenir une reconnaissance professionnelle. 

Ces efforts de renforcement des compétences font partie du projet Renforcer les associations de sages-femmes locales membres de l’ICM, qui aide les sages-femmes au Kenya, au Malawi et au Pakistan à diriger, plaider et agir en réponse aux défis auxquels elles sont confrontées.