Une journée dans la vie de Doreen Kaura, sage-femme et responsable de la recherche en SDSR

Professeure Doreen Kaura est une sage-femme, une chercheuse et une éducatrice actuellement basée au Cap en Afrique du Sud. Au moment de cette rencontre, elle travaillait à l’Université de Stellenbosch. Elle occupe depuis lors un nouveau poste de professeure titulaire à l’Université du Cap-Occidental.
Elle est née à Meru au Kenya où sa passion pour la santé maternelle a vu le jour lors d’une rencontre avec une femme qui accouchait seule sur le bord de la route. Ce moment a changé sa vie. Aujourd’hui, elle est professeure titulaire à l’Université du Cap-Occidental et continue de plaider en faveur de soins dirigés par les sages-femmes, respectueux de la culture et fondés sur les données probantes sur tout le continent.
Le parcours académique de Doreen a commencé au Kenya Medical Training College et l’a menée à l’Université du Botswana, à l’université de Finlande orientale et enfin en Afrique du Sud où elle a obtenu un doctorat en informatique de la santé maternelle. Ses recherches portent sur le renforcement de la santé et des droits sexuels et reproductifs (SDSR) à travers une meilleure coordination des soins et des systèmes d’information sur la santé plus efficaces.
Pour contribuer à remodeler la formation en pratique sage-femme à travers le plaidoyer pour séparer la pratique sage-femme des programmes généraux de soins infirmiers, elle a fait pression pour la formation directe des sages-femmes, contribué au développement du programme de formation directe des sages-femmes au Kenya et renforcé les capacités de recherche au Kenya, au Ghana et en Afrique du Sud.
Au cours des dernières années, Doreen a supervisé à travers l’Afrique plusieurs candidats au doctorat dont la recherche explore des questions telles que les quasi-accidents maternels, la santé sexuelle des adolescentes, la sensibilité culturelle dans les soins intrapartum et la normalisation de l’éducation des sages-femmes avant le service. Elle dirige également le projet E3 qui se concentre sur l’autonomisation des femmes au sein de leurs communautés et l’amélioration des soins intrapartum comme moyen de réduire la mortalité maternelle en Afrique.

Découvrez une journée typique de sa vie
Je me réveille généralement vers 6 h 30 ou 7 h du matin. Avant toute chose, je commence par m’asseoir sur mon lit avec une tasse de café. Ce moment de calme m’aide à me centrer sur moi-même. Je prends le temps de réfléchir et de fixer des intentions. Il ne s’agit pas de consulter mon calendrier mais de réfléchir à ce que je veux de ma journée. Cet ancrage me donne de la clarté et un but.
J’arrive généralement à l’université aux alentours de 8 h. Lorsque je donne des cours, ils commencent à 9 h et durent une grande partie de la journée. Mes enseignements ne se limitent pas à transmettre du contenu. Je façonne la génération de professionnels de la santé à venir. Qu’il s’agisse d’une simulation pratique ou d’une discussion sur la continuité des soins, je vise à rendre l’apprentissage réel et pertinent. Nous parlons de ce qui compte dans notre contexte africain et des véritables défis auxquels les sages-femmes sont confrontées dans le système de santé.
Parfois, toute la matinée est consacrée à des réunions avec des groupes mondiaux ou régionaux. Je suis impliquée auprès de l’OMS et de plusieurs comités stratégiques axés sur l’unification de la pratique sage-femme en Afrique. Ces conversations me permettent de plaider en faveur de l’équité de genre, de soins inclusifs pour les personnes avec handicap et de meilleurs services de SDSR à travers le continent.
Je prends toujours le temps de bien déjeuner, souvent avec des collègues. Cette heure de rire et de conversation est un moment que j’attends avec impatience. Ce petit rituel petit est très important, il me rappelle que nous ne travaillons pas seuls.
Mes après-midis sont souvent dédiés à la supervision d’étudiants et à la recherche. Je rencontre mes étudiants de Master et de doctorat pour passer en revue leur travail – ils explorent tout, des quasi-accidents maternels et la santé sexuelle des adolescents au rôle des accoucheuses traditionnelles et au renforcement de la formation en pratique sage-femme. Je n’écris jamais d’articles seule ; mes élèves sont toujours co-auteurs. Leurs points de vue sont importants, et construire des connaissances ensemble fait partie de mon approche de mentorat.
Je révise également des ébauches, contribue à des revues académiques et encadre des professionnels en début de carrière. Je suis rédactrice en chef d’une revue axée sur les soins de santé primaires où j’aide à faire entendre la voix des sages-femmes dans des publications évaluées par des pairs.
À partir de 4 h, je me tourne souvent vers le travail d’engagement communautaire. Je dirige des projets locaux axés sur des soins adaptés à la culture, fondés sur des données probantes et dirigés par les besoins des femmes de la communauté. Les autres jours, je joue au squash – j’adore l’énergie des sports de raquette. Cela m’aide à me détendre et à garder l’esprit aiguisé. Je joue aussi de la guitare. Mon professeur dit que j’ai encore à apprendre, mais je suis déterminée à progresser.
La plupart de mes soirées sont dédiées à la lecture ou à la révision d’une section de thèse d’un étudiant. Même si j’avais l’habitude de travailler jusqu’à 2 h heures du matin, j’essaie maintenant de limiter le travail tard dans la nuit, car je sais désormais que le repos est important.
Réflexions
Ce qui me fait avancer ? La transformation visible chez mes élèves. Quand j’entends quelqu’un dire
« On reconnaît vite un élève de Doreen »
cela me rend fière. Je veux former des gens qui construisent des systèmes. Je veux voir des étudiants capables un jour d’être la sage-femme de ma fille ou de ma communauté – capables de comprendre vraiment les SDSR et améliorent les soins pour tout le monde.
Je dis toujours : si vous êtes dans ma classe, vous devez être capable de parler de sexe. Vous devez parler d’avortement, de menstruation, d’infertilité, de plaisir. Ce sont des questions de pratique sage-femme. Trop de jeunes filles et garçons en Afrique grandissent sans informations ou soins en SSR dont ils ont besoin. Aucune femme ne devrait accoucher au bord de la route sans une sage-femme compétente. Les sages-femmes peuvent changer cela – voilà pourquoi je fais ce que je fais.
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